Dédicaces de Martine Chavot et Hubert Loiseau à Aubigny-sur-Nère

Le Berger du Colombier

En 1899, Étienne, jeune mineur orphelin de père, est arrêté pour avoir mendié quelques sous du côté de l’Hôtel de ville de Paris. Pour le « redresser », il est expédié en colonie pénitentiaire, en Berry. Pour lui, ça sera le dur labeur de la ferme, du côté de Baugy : en cellule la nuit, soumis au travail forcé le jour. Par chance, le propriétaire du domaine du Colombier, Monsieur de Maistre, est clément avec ses jeunes colons. Ce n’est pas le cas des deux autres propriétés où sont exploités d’autres jeunes garçons. Brimades, coups, insultes… Une vie de souffrance pour les petits bagnards. Jusqu’à rêver d’un feu vengeur pour que disparaisse le cauchemar. Pourtant, Étienne apprend à aimer cette vie au grand air de petit berger. Sans compter le sourire enivrant de Marie et ses promesses de liberté. Hubert Loiseau signe un roman saisissant de réalisme, pour évoquer l’existence des colonies pénitentiaires du Cher et du traitement judicaire réservé aux mineurs. Un éclairage sur une époque, la fin du XIXe siècle, où la société prend peur de ses jeunes et des phénomènes de bandes qu’elle prétend contrôler par une répression sans cesse exacerbée.

Le jardinier assassin

Maître chez lui ! Le rêve d’une vie, enfin réalisé. Ancien ouvrier agricole, Marcel Binet a réussi, à force d’efforts, à s’acheter une petite maison, en lisière d’un village de la campagne berrichonne. Il y coule des jours tranquilles, entre le potager, les champignons, quelques visites. Un jour, un 4x4 stoppe au coin du jardin. Le conducteur est chaleureux mais il en impose, du haut de sa position sociale. Il vient d’acheter un terrain proche pour y installer sa meute de chiens. Pas de quoi troubler Marcel Binet. Mais les affaires du voisin commencent à péricliter. Les chiens ont faim, ils hurlent, s’échappent et l’homme ne revient plus que furtivement. Adieu la tranquillité, si chèrement acquise.

Les Bons Enfants

Ils avaient huit ou quinze ans, l’âge des possibles et des rêves plein la tête. Petits voleurs, vagabonds, maraudeurs, mendiants, fugueurs, orphelins, abandonnés ou placés, tous, ou presque, enfants de miséreux… Tous enfermés dans la colonie pénitentiaire agricole du Val d’Yèvre, près de Bourges. Entre 1847 et 1924, ils furent des milliers à être reclus dans ce qui devint un bagne : travail forcé, brimades, mépris, violence étaient leur lot quotidien. Martine Chavot leur rend justice, dans ce court récit, vif, poignant, qui dit aussi l’espoir et l’amitié, celle qui a fait tenir Louis, Joseph ou Denis, parfois jusqu’à la liberté. Mais sort-on jamais de ces prisons quand on y a poussé ? En brossant l’itinéraire du fils d’un de ces personnages, l’autrice interroge l’influence de cet héritage sur les générations suivantes. Ce roman bouleversant, nourri d’un travail d’archives, donne corps à un pan méconnu de l’histoire du Berry.