Depuis le mois de juillet 1982, chaque trimestre, La Bouinotte a grandi sous le regard bienveillant, curieux, agacé de ses lecteurs et abonnés. Longtemps porté par les seuls bénévoles, le magazine avait autant besoin de bras que de plumes pour exister, pour porter l’ambition simple qui a forgé l’identité du titre : parler des gens ordinaires qui n’ont « rien à raconter »… Et pourtant, que de belles histoires en trente-sept ans de vie ! Il fallait toute la détermination d’un homme, journaliste sans diplôme, écrivain sans éditeur, qui voulait rester libre et s’en est donné les moyens. Qui mieux que Léandre Boizeau peut nous conter l’histoire de La Bouinotte ?
« On n’était pas une bande de copains au départ…
Simplement j’avais envie d’écrire, de raconter en toute indépendance le Berry et les Berrichons. Si bien qu’un beau jour de 1982, le militant communiste que j’étais a décroché son téléphone et appelé Rolland Hénault, l’anarchiste du Provisoire et Gérard Coulon, l’historien conservateur. Je me disais qu’en unissant nos trois personnalités, le résultat plairait au plus grand nombre. Cinq ans plus tard, l’histoire dira que c’était une erreur de casting, tempéraments incompatibles ! Entre-temps, La Bouinotte paraît malgré tout… Jusqu’au numéro 6, c’est la galère, rien ne se passe, les ventes ne décollent pas. Le magazine ressemblait à un bulletin historique, suite à l’arrivée de nombreux historiens. J’ai proposé deux choses : on baisse le prix et on arrête d’écrire sur Denise de Déols… Je pensais qu’il fallait parler des vivants, des petites gens… À partir de ce moment-là, les lecteurs s’y sont retrouvés. »1
Et le nombre de lecteurs a continué de s’étoffer…
A l’image des Bouinotteurs, ces bénévoles qui font l'esprit de La Bouinotte, son ton inimitable car tellement peu formaté. Ils sont près d'une trentaine, toujours fidèles, certains écrivent, participent au comité de rédaction, d'autres, parfois les mêmes, tiennent des stands de vente dans les fêtes locales, par grand froid -lors des marchés de Noël- comme sous la canicule. Ils livrent, aussi, les magazines ou les ouvrages des éditions La Bouinotte, aux libraires des quatre coins du Berry et même au-delà, jusqu'en Limousin, dans l'Ouest et toute la région Centre. D'autres, encore, corrigent (là, aussi, l'avantage d'avoir un staff d'instituteurs rodés à l'usage du participe !!).
C'est ce mélange de convivialité, d'humour, et de militantisme efficace qui fait l'originalité de l'aventure Bouinotte. Jeanine, Gérard, Jacques, Christian, Philippe, Léandre et tant d'autres, permettent ainsi à La Bouinotte d'être, mieux qu'un magazine sur le Berry, une revue d'amoureux du Berry pour les amoureux du Berry.
En 2020, La Bouinotte emploie quatre salariés, dont une journaliste dédiée à la réalisation du magazine, qui peut compter sur une dizaine de Bouinotteurs, rédacteurs réguliers, deux pigistes, un photographe, un illustrateur…
La diffusion du magazine repose elle aussi partiellement sur des épaules bénévoles, le prix de l’indépendance face à la défaillance du diffuseur de presse Presstalis. Au total, le magazine est présent dans 230 points de vente, de la boulangerie à l’hypermarché, entre l’Indre, le Cher, le nord de la creuse, de l’Allier, de l’Allier, de la Haute Vienne. La diffusion est assurée par nos soins dans le département de l’Indre, confiée à la société familiale Nièvre Diffusion Presse pour le Cher.
- Extrait de l’interview publiée dans le n°120, dans lequel on fêtait 30 ans de l’aventure Bouinotte.