La Bouinotte n°153

Le “B.A.”, Le Blanc-Argent, mythique voie ferrée qui relia, de 1902 à 1939, la capitale de la Brenne à la ville d’Argent-sur-Sauldre, tout au nord du Cher. Une ligne à voie métrique, unique en région Centre, une « Transberrichonne » qui desservait Buzançais, Valençay, Gièvres, Romorantin, Salbris ; connectait aux grandes lignes, aux grandes villes, les habitants de deux régions enclavées, la Brenne et la Sologne. Le B.A. les irriguait, littéralement.
Le 27 septembre 1980, le petit tortillard a transporté ses derniers voyageurs entre Buzançais et Luçay-le-Mâle, la SNCF réduisant un peu plus un tracé amputé, dès les années 40 et 50, de ses extrémités. La prise de conscience sera tardive de l’occasion manquée de faire de ce petit train une locomotive touristique au cœur de ce qui est deviendra le Parc naturel régional (PNR) de la Brenne.
De sauvetage, il en est cette fois question, quarante ans plus tard. De Parc naturel aussi. Dans le Sud du Berry, élus, agriculteurs, citoyens se mobilisent depuis deux ans autour d’un projet ambitieux et de longue haleine : labelliser le bocage berrichon au sein d’un PNR, assurer sa pérennité, redonner du sens à ces bouchures qui représentent aujourd’hui davantage une charge qu’un atout. Est-il encore temps de lier pittoresque et utilitaire ? Tout le monde semble regarder dans le même sens…
« Le Berry a longtemps été délaissé. De cette faiblesse, il a tiré une force, il est aujourd’hui extrêmement bien  préservé » analyse Florent Marchet, musicien, auteur, compositeur. L’artiste qui a grandi à Lignières livre cet automne un premier roman, Le monde du vivant. Le cadre ? Le Berry évidemment, qu’il aime et connaît si bien. Florent Marchet y peint, à travers les
(més)aventures humaines d’une famille, un portrait sensible et juste du monde rural contemporain. Nous inaugurons en sa compagnie une toute nouvelle série, « Le Berry de… », qui met en lumière, à travers des lieux chers à son cœur, une personnalité bien d’ici, bien ici.